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La médecine face à la définition de l’homme

Un  article de Michaela FABRE, médecin  responsable de l’USP (unité de soins palliatifs) du CHU de Grenoble. Depuis plus de dix ans, elle exerce dans le domaine de la douleur cancéreuse rebelle, des soins palliatifs et dans le champ de l'éthique (comité éthique CH Bourges 2007-2012, CHU). 

 

Naissance d’une perplexité métaphysique

L’exercice médical contemporain est prodigieusement compliqué, pas tant par le développement exponentiel de sa complexité scientifique et technique, que par la confrontation permanente du médecin à l’épreuve éthique de son exercice. Si la médecine moderne se veut toujours inscrite dans la tradition ancestrale de la sollicitude à la souffrance de l’Autre, le médecin, par qui cette sollicitude s’exerce, est constamment rappelé à la recherche d’un sens de son exercice qui ne va plus de soi. Témoin, cette apostrophe du fils d’un de mes patients :

"Ma mère ne me reconnaît plus, ne me parle plus, ce n’est plus elle-même, ce n’est pas humain ça, ce n’est pas une vie. Moi, j’ai pris  soin même de mon chien à la fin, quand je l’ai amené chez le véto pour le piquer! Et alors, docteur, qu’allez-vous faire pour ma mère ?"

Le médecin reçoit cette interpellation de plein fouet, toutes les questions contenues en elle le traversent comme autant de balles, perforant ses convictions sur l’Humain et lui-même,  elle balaye tout ce qu’il pensait donner comme sens à sa présence à côté du malade ainsi qu’au regard qu’il posait jusqu’alors sur lui, car ces quelques mots ouvrent un vide vertigineux sur trois idées qui finalement s’emboîtent et s’imposent à lui comme essentielles : 1) que le sujet du propos est l’Homme dont la capacité d’expression de soi au monde est peut-être définitivement murée, impénétrable à la compréhension d’un tiers ; 2) que cette inaccessibilité de soi par le tiers pousse ce dernier à renvoyer le sujet des rangs de l’Humanité aux rangs d’une compassion fourre-tout, au même titre que son animal de compagnie, dans une sorte de no man’s land conceptuel où la rencontre n’est plus possible, faute de dialogue ; 3) que sans un esprit accessible, l’Homme cesse d’en être un.

Par cela, l’interpellation dépasse le questionnement sur l’Humain en filigrane de la grande vulnérabilité dont nous parle Sylvie Pandelé (23), pour nous amener à l’Homme comme image latente de soi sur une pellicule photographique non encore développée. Dès lors, trouver ici du sens à la sollicitude médicale nécessite de savoir s’il y a encore un Homme sur cette pellicule latente, en vertu d’une essence qui lui serait propre et accessible à une définition susceptible d’être apprivoisée par notre entendement, et quel serait les révélateurs de cette humanité à la conscience définitivement muette, inaccessible à autrui ?

La question revisitée du  "qu’est-ce que l’Homme ?"

1.    Du côté des sciences

L’homme a toujours cherché à comprendre à la fois le monde qui l’entoure  mais aussi la place qu’il occupe à l’intérieur de ce monde et pour ce faire, il a eu naturellement recours à l’observation, à la comparaison et à la classification de ses observations, construisant ainsi des systèmes plus ou moins algorithmiques. Parmi eux, les sciences du vivant s’avèrent clairement impropres à la recherche de l’essence de l’Homme, et il semblerait que c’est justement le côté analytique qui fait barrière à l’ineffable. Dans cette quête d’une essence primordiale de l’humain l’aporie persiste, car ni le système populaire par son langage vernaculaire, ni les systèmes algorithmiques de classement (Note a) ne transcendent les caractères anatomiques (structuration), génétiques (chromosomes) et moléculaires (ADN) qui sont synonymes d’ordre des organismes vivants.

Le survol d’autres domaines de la science ne nous apporte pas non plus le moindre aperçu d’un début de réponse à notre perplexité. La chimie inorganique nous apprend que, à nous seuls, nous contenons une bonne partie du tableau périodique des éléments de Mendeleïev que nous partageons par ailleurs avec les étoiles (une belle consolation). La physique mécanique et celle des fluides nous apprennent que notre corps fonctionne en respectant les mêmes lois que la pomme de Newton et l’écoulement des ruisseaux. In fine, la physique quantique et la cosmologie nous susurrent que lorsque nous nous croisons dans la rue, autrement dit lorsque nous faisons une rencontre, il s’agit en réalité d’un événement dans le cône de lumière (cosmologique), au croisement de deux lignes de l’Univers, dont la lumière "[…] forme un cône à trois dimensions dans l’espace-temps à quatre dimensions " (14).  

2.    Du côté des  philosophes

 "Ma mère ne me reconnaît plus, ne me parle plus, ce n’est plus elle-même, ce n’est pas humain ça… "

Si "la philosophie est fille de l'étonnement " (4), la perplexité métaphysique serait l’instant de vertige abyssal qui nous aspire brutalement lorsque certains propos nous laissent sans repère jusqu’à frôler l’anéantissement existentiel. Alors on se penche par-dessus la sagesse immémoriale des civilisations comme par-dessus les bords d’une fontaine, pour chercher dans la mémoire ancestrale de notre espèce des traces d’un questionnement identique au nôtre, sans toutefois y croire trop. Mais le vertige s’amplifie, car la fontaine s’avère immensément profonde. L’eau qui jaillit en son fond trouve sa source bien loin dans le temps, à l’époque de l’Égypte pré-pharaonique qui concevait déjà l’Homme comme microcosme (en lui tout l’univers) et macrocosme (lui-même partie de l’univers), quelque 4000 ans av. J.-C., et ses remous sont renforcés par d’autres centaines de ruisseaux traversant les cinq continents  et les millénaires.

Les traces préservées par Gaïa sont révélation. Depuis la nuit des temps, les hommes ont pressenti qu’il y a en eux une essence (du lat. esse : ce qui est intrinsèque à un être pour être ce qu’il est) qui les rend ineffables et indéfinissables et, par cela, infiniment différents et plus nobles que toute autre forme animée sur Terre, car elle les place au-delà de la temporalité, d’où l’apparition et la pérennisation des rites de transmission comme rites de mémoire.

Ce pressenti a pris peut-être sa substance lors d’un instant de paix, après une journée de chasse, lorsque l’homme s’est retrouvé les yeux dans les yeux avec les étoiles et a été surpris de sa surprise… Premier instant d’intériorité…Comme un petit caillou qui s’est disloqué du bloc d’un monde jusqu’alors sans interrogations et qui dévale depuis les profondeurs vallonnées des intériorités successives, éveillant des échos polyphoniques dans l’Homme de toutes les époques, sans jamais atteindre sa conclusion.

Par où commencer ? Faut-il et suffit-il d’aborder la question de l’âme ? Ou encore, qu’est-ce que l’âme et qu’est-ce que l’esprit ?

Issu étymologiquement du lat. anima ("vent", «air", «souffle") et sémantiquement du gr. psyché (Note b) terme ayant pour radical le sanscrit âtman-ana ("respirer "), le mot âme semblerait désigner à l’origine un attribut d’ordre plutôt physique que métaphysique, car indéniablement la respiration est un fait commun aux animaux et à l’homme. Pourtant, en scrutant les profondeurs des temps, nous nous apercevons que, contrairement aux civilisations occidentales qui cultivaient le dualisme corps-esprit, la culture africaine a abordé précocement et d’une manière beaucoup plus nuancée le sujet. Ainsi, l’Égypte antique distinguait neuf éléments essentiels de l’Être dont un seul représentait le corps matériel. Mais, contrairement aux philosophies africaines et orientales (shamanisme, bouddhisme), qui ont gardé dans leur praxis l’édifice conceptuel choisi (corps   âme   ombre pour les unes, vacuité et périssabilité de l’âme pour les autres) sans qu’aucune n’aille dans des débats fondamentalement contradictoires, la philosophie occidentale, et en premier lieu la philosophie  grecque se sont appliquées à creuser cette pensée. Le spirituel vient s’ajouter à l’édifice, du latin spiritus qui désigne à la fois la respiration du corps et l’inspiration de l’âme, le couple latin anima/spiritus ayant son correspondant en grec avec pneuma/psychè. Ce n'est qu'à propos de la création de l'homme que la Bible mentionne la neshama (nèphèsh en hébreu, qui provient d’une racine signifiant respirer et qui prend le sens littéral de respirant) que Dieu lui a insufflée dans ses narines, faisant de lui un être vivant (Genèse II, 7). Dans le texte biblique, l'homme ne possède pas une âme, il est une âme. Avec son sens plus-que-aérien des cimes touchant les cieux, le spirituel a acquis dans les temps modernes une acception complémentaire de sens, désertée du déisme, tout en gardant un parfum de l’au-delà de soi.

 "L'âme est d'une certaine manière toute chose " disait Aristote (3), pensant à tout être vivant. Il apparait donc naturellement nécessaire de parler d’une essence, l’ousia (Note c), la substance aristotélicienne nommant l’"étance " (qui signifie le fait même d’être). Pour Aristote, l’être possède une pluralité de significations (l’être plurivoque, "pollâchos legomenon "), et l’ousia est le fondement stable auquel l’être se rapporte et qui permet d’éviter la dispersion d’interprétation.

Parmi les quatre sens attribué par Aristote à l’être (4), seul l’intellect (la faculté pensante) est propre à l’homme et le distingue de l’animal, car elle lui permet de connaître et d’acquérir un sens moral et de l’exprimer par un prédicat : "[…] l’homme est par nature un animal politique […] et l’homme, seul de tous les animaux, possède la parole […] Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre " (2).  

Le logos représente un attribut singulier pour Aristote, car il permet à l’homme l’élaboration et la transmission intelligible des concepts abstraits, dont les plus élémentaires concernent les choses ("ce n’est pas la pierre qui est dans l’âme, mais sa forme ") (3). Par extension, nous pourrions dire que le logos est à la fois créateur car porteur de l’énergie d’une pensée mais aussi substrat de la raison d’où naît la conscience.

Voici donc les prémices et les prémisses conceptuelles (raison, pensée, logos) qui permettront à l’homme kantien d’acquérir la liberté selon la loi morale, tout en ayant le privilège de disposer du libre arbitre pour la choisir ou non (18). Cependant, ici la notion de liberté est particulière par le fait que l’homme chez Kant est sa propre liberté et c’est pour cette raison que le philosophe conclut que l’homme ne peut  être défini selon le modèle d'une essence déterminée.

3.    Proposition d’une nouvelle définition de l’Homme

Penchés longuement par dessus la fontaine des anciens, pénétrés du son d’un bruit venu du fond des âges, en grondement sourd résonant jusqu’à nous, nous devenons comme des accolades reliant des savoirs et des incertitudes de toutes les générations, chaque fois différents mais s’entrelaçant à l’infini dans le savoir et l’inconscient collectifs de l’espèce. Alors, finalement, quelle enivrante déception que de se dire cette révélation, que l’homme n’est réductible à aucune de ses caractéristiques isolées ni à leur simple somme arithmétique ! Car il n’est pas seulement primate, ni seulement carbone, ni seulement ADN, ni seulement  pensée, conscience, décision…mais tout à la fois et autrement... O, étrangeté suprême, ce n’est pas notre esprit raisonnant qui nous dévoile cela mais bien quelque chose qui s’émeut dans nos âmes sensibles, comme une réminiscence d’une vérité qu’on a connu jadis…  Si nous choisissions une de ses dimensions ou une toute autre, n’importe laquelle de celles qui lui sont applicables, nous le restreindrions à une catégorie et par cela même il ne serait plus un être mais une chose.

Quel admirable apprivoisement de l’ineffable positivité, dans la philosophie du négatif, que celui de Jankélévitch (16) : "Le positivisme de la chose tiendrait volontiers pour négatif tout ce qui est non-chose; et pour la philosophie négative ou apophatique, au contraire, c'est cette mystérieuse non-chose qui est la positivité par excellence, l'ineffable positivité... ". Alors, pour nous, une définition apophatique s’impose dialectiquement à l’homme et pour l’homme (du gr. apophatikos = de ce qu’il n’est pas), celle que nous n’appliquions jamais jusqu’ ici qu’à Dieu...  

La question de la conscience  

1.    Neurophysiologie et clinique

 Le mot conscience, rappelons-le, dérive du latin conscientia (de cum "avec " et scientia "science ").

La médecine utilise le mot conscience non pas comme un concept mais comme un repère sémiologique d’aptitude de l’individu à être présent à la relation (à soi-même et au monde). En même temps, ce sens est utilisé en oscillation permanente avec la notion de connaissance : troubles de la conscience, traumatisme crânien avec perte de connaissance, état de conscience fluctuante… Ici, la connaissance n’est pas entendue dans son sens ontologique mais plutôt dans le sens d’une re-connaissance (souvenir) de soi et de son environnement immédiat (que l’on pourrait définir d’extériorité, les lieux, ce que l’on évalue à l’examen neurologique comme capacité d’orientation dans l’espace) ou événementiel (que l’on pourrait nommer d’intériorité, celui qui est inscrit dans l’histoire d’une personne par le biais de sa mémoire et que l’on évalue comme capacité d’orientation dans le temps).

D’une manière plus globale, il est sous entendu que l’on évalue l’existence et le degré de gravité d’éventuels troubles des fonctions cognitives.  Les fonctions cognitives désignent les facultés intellectuelles propres à l’humain lui permettant d’avoir la capacité d’abstraction, d’interprétation et d’élaboration du monde ainsi que de ses propres sentiments et pour ce faire, la condition médicale  sine qua non d’un bon fonctionnement réside dans l’intégrité du réseau neuronal sous-jacent.

Le système neuronal du cerveau humain est constitué d’environ 100 milliards de neurones (1011) et chaque neurone s’interconnecte avec les autres par un millier de synapses en moyenne (environ 103), ce qui amène au fait que la configuration de ce système est en perpétuelle réorganisation. Partant de ce seul constat quantitatif, Gérard Chazal pose les questions suivantes : "[…] si ce réseau est le substrat de l’esprit, qu’est donc cet esprit qui s’accommode d’une telle variabilité […] ? Deuxièmement, comment pouvons-nous avoir l’expérience d’une unité de moi aussi bien dans l’espace que dans le temps ? " (5).  Questions légitimes, qui renvoient dans l’aporie l’idée d’une conscience n’étant qu’une propriété physique du cerveau telle que l’affirme Jean-Pierre Changeux (6). Par ailleurs, la réponse que lui fait Comte-Sponville (7) est dialectiquement succulente et mérite d’être citée: "[…] un neurobiologiste absolu pourrait tout savoir d’un cerveau vivant, mais serait dans l’incapacité de distinguer la différence entre une idée vraie et une idée fausse ".

Mais constater l’existence de ces "briques " structurelles que sont les neurones ne suffit pas, car les synapses (liaisons) ne sont fonctionnelles (dans le sens d’une transmission d’information) qu’à la seule condition de l’existence des neurotransmetteurs et des processus biochimiques complexes, tributaires à leur tour de l’existence d’un équilibre global de ce que Claude Bernard (Note d) nommait "le milieu intérieur " de l’organisme (compris de nos jours d’une manière plus large qu’à l’époque de la création du concept, suite aux avancées dans les domaines fondamentaux de la recherche médicale: hormones, pH, équilibre acido-basique et hydro-électrolytique, etc.).

Cette vérité physiologique rend encore plus difficile l’approche du concept de l’esprit. Nous ne pouvons pas nier l’existence des circuits neuronaux fonctionnels et le fait que leur stimulation expérimentale provoque une réponse localisée. Nous ne pouvons nier non plus que le stress positif (plaisir) ou négatif (peur, traumatisme, lésion) influe sur le taux de certains neurotransmetteurs ou de certaines hormones, le processus de feed-back étant démontré en physiologie (voir le reflexe pavlovien), et les exemples pourraient se multiplier.

Nous nous trouvons finalement devant deux certitudes relatives à l’homme et que nous ne pouvons pas relier sur le plan conceptuel : l’évidence d’une structuration biologique et neurologique générant des fonctionnalités complexes d’une part, et sa capacité métaphysique qui surpasse cette structuration et qui le rend autrement Homme d’autre part. Le paradoxe réside justement dans le fait que l’Esprit se joue de toutes ces découvertes scientifiques, qui ne font que mettre encore plus en lumière son caractère ineffable. Peut-être faut-il faire l’impasse sur la science à tout prix et se résoudre à l’évidence du mystère. Alors nous pourrions nous contenter de répondre à la question du pourquoi de l’esprit de l’homme par un clin d’œil à Montaigne : parce que c’est lui…

Les techniques modernes sont en continuel essor. Récemment, une équipe de chercheurs de l’Université de Milan, dirigée par Adenauer Casali du Département des sciences biomédicales et cliniques de l’Université de Milan (8) a mis au point une technique de stimulation magnétique transcrânienne permettant l’évaluation de l’état de conscience chez les patients comateux par accident ou suite à une anesthésie générale, dans un but prédictif du réveil. Et si le réveil est synonyme en médecine d’une reprise de conscience dans le sens d’un ré-accès à soi-même, quelles seraient les conséquences à envisager pour les malades dont le score prédictif serait trop faible ? Voici peut-être l’émergence d’une nouvelle réflexion épistémologique.

La conscience de soi et l’autre : le jeu des miroirs

Se penser soi-même, c’est avoir conscience de son existence dans la temporalité et de son état dans l’instant, et c’est en cela que réside le propre de l’homme, et sa grandeur ajouterait Pascal (24).

La conscience de soi se révèle à l’être. Kant (17) nous dit que "posséder le Je dans sa représentation élève l’homme et par ceci, il est une personne " car, à partir du moment où l’enfant qui fut en chacun d’entre nous commence à dire JE, il ne revient jamais en arrière pour parler de lui-même à la 3ème personne; auparavant, "il ne faisait que se sentir, maintenant il se pense ". Se posant en sujet, l’homme peut commencer à dialoguer avec le monde auquel il se rapporte.

Le premier autrui, c’est nous-même, voilà pourquoi la conscience de cet Autre ne pourrait pas exister en dehors de la conscience de soi  qui nous établit dans notre rapport au monde. Mais l’homme n’est pas seulement un de ces deux facteurs du rapport, car "la Conscience diffère du simple rapport à soi mais est une réflexion sur soi " (22) et porte à  la délibération (1) ; cela élève l’homme au-dessus des actes, en lui évitant la réduction que fait Sartre au fait d’exister proportionnellement à ses projets réalisés.

Pascal sublime l’homme dans la seule faculté de penser lorsqu’il dit  " Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête […] Mais je ne puis concevoir l’homme sans pensée ; ce serait une pierre ou une brute " (24). Il y a toujours un risque de dérive lorsqu’on essaie de restreindre l’Homme à une catégorie, au sens aristotélicien du terme. Il en est de même pour la réduction à la capacité d’avoir un jugement moral kantien, car pour émettre un jugement encore faut-il avoir l’intégrité des capacités intellectuelles. Extraire donc une catégorie de l’ensemble du discours philosophique appauvrit le discours, enlaidit la personne et soumet au risque d’une finalité d’eugénisme érigée en principe, car "l’attribut d’un être (en l’occurrence sa non manifestation au tiers) est accidentelle et n’affecte en rien sa substance " (4).  

Pour ce qui concerne la question du logos comme attribut singulier et essentiel de l’humain, l’argumentation aristotélicienne se retrouve  renforcée par Francis Wolf, pour qui l’homme est un animal rationnel  dés lors qu’il dispose du langage prédicatif qui lui permet l’accès à une pensée triplement plissée : dire quelque chose "au sujet de ", affirmer ou nier la même chose et parler de cette chose à quelqu’un (30).

Comment alors trouver un dialogue entre l’Homme des philosophes et celui de ceux  que nous nommerions des utilitaristes existentiels, ceux qui dénient l’appartenance à l’humanité de l’être, lorsqu’il se trouve dans l’incapacité définitive de raisonner comme de parler ?

Nous pouvons contourner l’aporie en posant le postulat que l’humain est un être essentiellement prédicatif, dont le premier verbe qui l’habite est le verbe être (du lat. esse essence). Cet homme exprime son essence par le savoir (conscience) et le faire (auquel appartient la décision), et ces allers-retours lui font suivre un chemin existentiel spiralé, vers le haut ou vers le bas… Une deuxième particularité de l’homme prédicatif est le fait que son prédicat peut devenir réflexif. Il devient alors celui qui subit. Son esse se transforme en un être-objet, soumis au savoir et au faire d’un tiers qui, par cela, prend le pouvoir décisionnel à son encontre.

Pour dépasser la problématique de l’inconnaissabilité (Note e) de l’essence, posons un deuxième postulat : que l’esse est la même pour tout homme, celui qui est donc un homme prédicatif.  Le fait que celui-ci n’est accessible que par son être par accident (4) ne devrait plus poser de problèmes, dés lors que la reconnaissance entre les deux altérités se ferait naturellement, en vertu de la ressemblance, car chacune est essentiellement le miroir de l’autre. Mais, malgré tout, la question de l’Altérité est loin d’être résolue. Platon avait opposé l’altérité à l’être et en avait fait ainsi un non-être. Aristote a restitué l’altérité à l’être lui-même, à travers la relation perçue comme un de ses sens mais aussi par l’argument de la pluralité de significations dans le langage sur l’être. Ainsi a-t-il restauré l’idée que nous sommes tous autant essence qu’aléas…

Notre besoin de l’autre est un besoin inscrit dans notre essence, à cause de la ressemblance. Puis, besoin inscrit en nous en tant que membres de la Cité, pour se sentir reconnus et justifiés. In fine, puisque nous sommes aussi des êtres d’émotion, nous aurions besoin de dire avec Bachelard "le moi s’éveille par la grâce de toi " ; mais qu’en est-il alors de cet Autrui esseulé dans la Cité par l’absence de son moi sensible et accessible? A-t-il encore besoin de notre regard ? Nous ne saurons le dire, en revanche nous avons besoin de le voir, au-delà du regard, pour rester conformes à notre essence.

Ceci nous amène à penser la primauté du sujet regardant sur  le sujet regardé, comme condition de l’altérité, ce qui donne une autre perspective aux propos de Dominique Folscheid "privé d’altérité, l’être est donc privé d’identité (10).

Révélateurs possibles de l’image latente de l’Humain

1.    La potentialité permanente

La médecine n’est pas interpellée sur la question du sens lorsqu’il y a une suspension transitoire de la conscience de soi et donc de la capacité d’autodétermination, comme cela a lieu lors d’une anesthésie générale. En revanche, cette question resurgit chaque jour autour des individus qui n’ont plus ou pas encore une  conscience accessible : les nouveau-nés malformés, les malades arriérés, les personnes en état végétatif, les grands vieillards, les agonisants…On remarquerait que la question sur l’humanité de l’individu ne surgit jamais non plus lorsqu’il s’agit des nouveau-nés sains, pressentis pour acquérir la conscience.

Pour Aristote, l’être en acte est le plus haut degré ontologique. Etre en acte, c’est être absolument, car la pensée peut se concrétiser à la face du monde. En dépit de cela, pour Aristote l’être en puissance n’est pas un pur non-être, c’est en quelque sorte l’être à l’état de latence, un être possible qui attend le moment de son actualisation. Si pour Rousseau l’être en puissance "[…] est indéterminé […] ouvert à mille accidents " (27), nous pouvons regarder l’être latent comme une indétermination ouverte perpétuellement au possible, à tous les possibles. Ainsi nous pourrions dire que le nouveau-né autant que la personne en état de coma sont en état de potentialité.

Nous serions tentés d’assimiler cet état de possibilité à la capabilité, concept introduit par le Prix Nobel d’économie, Amartya Sen. Il définit la capabilité comme "la capacité de chacun à pouvoir transformer les libertés abstraites en opportunités réelles " (29). Pour les personnes dépourvues définitivement de toute possibilité de liberté dans le sens kantien du terme, il apparait évident que la capabilité est à son point le plus bas.

Du côté de la médecine, si les avancées scientifiques et technologiques de la fin du XXe siècle ont été jugées spectaculaires, celle qui sont actuellement en marche sont absolument époustouflantes, autant par leur étendue que par leur vitesse de progression. Nous parlons des nanotechnologies, des biotechnologies, de l’informatique et de la cognitique (les sciences du cerveau et de l’intelligence artificielle), l’ensemble étant désigné par l’acronyme NBIC. Les perspectives ainsi ouvertes sont vertigineuses. Les manipulations de l’ADN vont restreindre l’incidence et la sévérité des maladies génétiques. L’utilisation des cellules souches servira à obtenir la régénération des tissus lésés ou vieillis. La greffe des organes artificiels entiers évitera les inconvénients actuels des traitements anti rejet, sans compter que la durée de vie des greffons sera beaucoup plus longue que celle d’un greffon biologique. Des essais sur l’homme ont déjà été réalisés pour la mise en place des implants électroniques dans le système nerveux central dans le cas de certaines maladies neurologiques dont le Parkinson. Des travaux de recherche extrêmement avancés sur des souris ayant des lésions typiques de maladie d’Alzheimer ont conduit à la disparition des plaques amyloïdes (lésion cérébrale caractéristique de la maladie) et à une restitution fonctionnelle sensationnelle. Et bien sûr, la liste de prodiges n’est pas close.

A la lumière des merveilles médicales évoquées, on pourrait facilement imaginer notre  vieille patiente qui  "ne […]  reconnaît plus, ne […] parle plus  " ressuscitée et réintégrée dans sa dimension d’être en acte.  Ce qui nous semblerait capital dans une telle hypothèse, c’est que la fonction cérébrale restaurée serait toujours de type humain et non pas canin, argument de taille en faveur de l’esse.

On peut alors conclure à la primauté de cette potentialité d’acquisition d’une conscience, l’être échappant ainsi à la condition du l’instant  pour rester dans une dimension atemporelle qui le place au-dessus du périssable matériel de sa condition biologique. C’est cette potentialité permanente d’acquisition ou de récupération individuelle de sa capacité d’expression qui permet à l’individu de garder sa place dans l’Humanité et empêche les autres de remettre en question cette appartenance, "[…] entre l’être qui ne pense ni ne parle encore, ou qui ne pense ni ne parle plus, mais a en lui la capacité, et l’être qui pense et parle effectivement, la différence n’est pas d’essence mais de degré ; de l’un à l’autre, le passage est non pas […] du non-humain à l’humain, mais de l’humain à l’humain " (12).

2.    L’empreinte de soi sur le monde

Dans la langue arabe, le mot pour l’être humain est Insan qui, dérivé du verbe nassa  "oublier ", indique "celui qui oublie ".

Nous oublions d’écouter comment, constamment, l’Homme se raconte dans l’histoire du monde. Les traces des mains de nos ancêtres sur les murs de la grotte de Chauvet en France jusqu’à Gua Masri II à l’Est de Bornéo en Indonésie, en passant par la Patagonie, l’Extrême- Orient et l’Afrique soumettent à notre émoi troublé le témoignage de leur présence. Dans chaque pyramide, dans chaque morceau de poterie de Troie et jusqu’à la Tour Eiffel nous apercevons perpétuellement la pensée créatrice qui leur a donné forme et nous regardons le témoignage de ces êtres en acte que nous pourrions nommer nos ancêtres en acte.

A cela nous pourrions ajouter la magie silencieuse de chaque moment présent, aussi anodin soit-il. Car il y a l’empreinte de tout un chacun sur le monde, puisque chaque être participe, de par son existence même, à la construction de la mémoire de ceux qu’il croise, pour un instant ou des années, lors de chaque rencontre-événement dans le cône de lumière (cosmologique), au croisement de deux lignes de l’Univers, dont nous avons déjà parlé.

3.    L’irréductibilité à l’instant

Kant nous apprend que l’homme ne peut être pensé comme un simple moyen. Nous considérons qu’il ne saurait davantage l’être comme simple événement ou état. Cela entrerait en contradiction avec l’idée même de la construction de la conscience de soi dans l’histoire propre à chaque être et signifierait que serait rompu son statut d’être de potentialité.

Le temps nous hante, nous emporte, nous transforme en oubli. Mais en même temps, paradoxalement, l’homme ne peut échapper à la temporalité ni ne doit rêver de le faire, car c’est elle qui va sous-tendre la mémoire qui lui est nécessaire pour s’enraciner en soi, puisque c’est elle qui lui confère unité et permanence, assurant "en lui sa continuité d’individu en dépit des changements " (23).

Et si, comme nous l’avons noté, chaque être participe, de par son existence même, à la construction de la mémoire de ceux qu’il croise, on peut reprendre l’énoncé si limpide de Saint Jean de Cronstadt: "… l’homme en ses paroles ne meurt pas, en elles il est immortel, elles parleront encore après sa mort " (28).  

Conclusions

Scruter la mémoire du monde pour se trouver… Se pencher par-dessus la fontaine de la sagesse ancestrale, cette sagesse qui se cherche elle-même depuis si longtemps... C’est un peu comme si, soudainement, on rencontrait par dessus les étoiles les regards de tous nos ancêtres, dans la pupille dilatée par la surprise de ce premier homme, lors de son premier instant de paix, après une journée de chasse…

La mémoire nous permet de nous construire dans une Cité, dans une culture et dans une histoire singulière. Elle nous permet de devenir, pour passer du stade d’humain au stade d’Homme, car s’est seulement dans une cité et dans une culture que nous pouvons acquérir le langage et la conscience morale (le cas contraire des enfants sauvages en témoigne). La connaissance nécessite savoir et compréhension des choses. La mémoire nous permet également de veiller sur notre plus-que-prochain, pour paraphraser Folscheid, celui qui   pour un médecin   est toute personne dont l’état la rend vulnérable, impuissante et, en quelque sorte, esseulée dans la cité.

  Nous comprenons alors que, pour sortir de l’aporie, il était absolument indispensable que le médecin recherche une dimension éthique à son choix de réponse en acte, pour retrouver la grâce par-delà cette perplexité métaphysique. C’est à cette ultime condition qu’il peut encore continuer d’espérer retrouver du sens là où les mots avaient tout emporté, seule raison pour que le veilleur continue de veiller. L’exercice médical reste d’une certaine manière un exercice de funambulisme sur une corde toujours en balance entre doute et certitude, car "nous sentant tout autant fils d'Abraham que fils d'Aristote, nous comprenons l'éthique comme la tension entre le respect ordonné par les normes, et le respect de ce qui en l'homme est au-delà de toutes normes " (9).

Kant nous dit que "la sauvagerie est l’indépendance à l’égard de toutes les lois " (19). Mais quel concept devrions-nous inventer pour nommer l’abandon auquel on nous demande de procéder pour ces personnes qui ne parlent plus, ne nous reconnaissent plus, ne sont plus ni pensée ni logos mais des consciences murées dans des corps dits "sans avenir " ? Dernier abandon signifié par la cité lorsque les proches ne leur reconnaissent plus le statut de prochain ? Dernier abandon exigé de la part des veilleurs… La traversée du no man’s land où il n’y a que le pressentiment de soi, l’image latente d’un soi caché, est inévitable pour chacun d’entre nous (la période de vie, incompressible, de l’état de nouveau-né et de nourrisson, mais aussi pour certains, les moments nécessitant une anesthésie générale ou qui font suite à un fait entraînant une suspension transitoire de la conscience).

 "Ma mère ne me reconnaît plus, ne me parle plus, ce n’est plus elle-même […] "

Enumération de ce qui semble manquer à l’idée que le tiers se fait de sa maman (primauté de l’eidos platonicien sur la substance de l’être au sens aristotélicien), effaçant au passage le fait que pour parler d’un étant nous devons primitivement considérer son caractère existant ou non-existant, qui ne réside pas dans ses attributs (positifs par présence ou négatifs par absence) mais dans son état intrinsèque d’étant que nous pressentons comme essence.

La question de départ était de savoir s’il y avait encore un Homme sur ce négatif devenu irrévocablement figé lorsque la conscience est perçue comme inaccessible. Nous l’affirmons résolument en vertu des trois concepts que nous avons développés : la potentialité permanente d’une conscience morale, l’empreinte singulière que chaque être laisse dans la conscience de l’Autre et par là-même dans l’Humanité, et l’irréductibilité de l’Homme à ce qu’il est à tel instant de sa vie.

Ce oui jaillit tous les jours devant nous, anonyme et fragile, mais il dépend d’un simple regard véritablement accueillant pour qu’il se fasse force de vie, capable d’empêcher l’oubli de l’être, tel ce témoignage prenant place dans un service de gériatrie de long séjour :

Mme M., démence d’Alzheimer stade sévère, dépendante pour tous les actes de la vie. Depuis trois ans, son époux, lui-même âgé, vient tous les jours à l’heure du déjeuner pour faire manger sa femme et ensuite passe les après-midi à lui faire de la lecture, à lui raconter les dernières nouvelles des enfants ou à lui montrer des photos de famille. Un jour, un soignant lui demanda : "Monsieur,  comment allez-vous ? Ce n’est pas trop difficile de venir tous les jours voir votre femme qui ne vous reconnait plus ? " Le vieux monsieur le regarda un long moment et répondit : " mais moi, je sais qui elle est ".

 

NOTES :

a : La méthode cladistique : système exprimé par le biais de cladogrammes qui remplace la hiérarchie fixe de catégories par un système de taxons emboîtés les uns dans les autres, et où chaque taxon devient une ramification de taxons subordonnés entre eux, un clade.

b : Psyché : personnage de la mythologie grecque,  est souvent confondue avec l'ensemble des fonctions psychiques constituant la psyché, instrument qu'elle "anime ".

c : Ousia (gr) : bien foncier et ce sur quoi on peut bâtir. Cela a donné "sub-stancia ", substance,  qui désigne ce qui se tient en dessous.

d : Claude Bernard, (1813   1878), médecin et physiologiste français. Considéré comme le fondateur de la médecine expérimentale. On lui doit les notions de milieu intérieur («Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux" 1878-1879) et d’homéostasie, fondements de la biologie moderne.

e : Kant, préface à la première édition de la Critique de la raison pure : "le "qui " reste inconnaissable en soi, seul le phénomène peut être connu "

 

BIBLIOGRAPHIE :


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